Crédit Mutuel et Arkéa : un cran supplémentaire franchi vers le divorce

Crédit Mutuel et Arkéa : un cran supplémentaire franchi vers le divorce

Le 29 juin dernier, le conseil d'administration d'Arkéa définissait son projet de schéma d'organisation du futur groupe indépendant. Un pas de plus vers une désaffiliation que n'approuve ni le Crédit Mutuel ni certaines voix politiques.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 08 Aout 2018

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Arkéa présente le schéma d’organisation du futur groupe indépendant

Le schéma « respecte l’identité coopérative, mutualiste et territoriale du groupe » dans l’optique d’une scission avec le groupe Crédit Mutuel. Arkéa souhaiterait disposer d’un agrément bancaire unique. Les Caisses locales demeureraient des sociétés coopératives qui garderaient « la responsabilité des activités coopératives, des missions de représentation du sociétariat et de facilitation à l’accès aux services bancaires et financiers. ». Ce dossier technique a été remis aux régulateurs bancaires français et européens. La nouvelle entité Arkéa évoluerait sous le statut de société anonyme coopérative et piloterait les activités bancaires. La question d’un modèle plus centralisé est ainsi soulevée ce que n’oublie pas de relever le groupe Crédit Mutuel.

Le Conseil d’administration de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel a immédiatement rétorqué : « toute désaffiliation implique son agrément, lui-même dépendant du traitement de toutes les conséquences. ». Il dénonce une « volonté sécessionniste » arguant que seule la loi a le pouvoir de « prononcer une telle désaffiliation eu égard aux missions qui lui sont confiées ». Actuellement, le Crédit Mutuel n’a reçu aucun dossier de la part d’Arkéa, alors que de nombreuses questions restent en suspens : le respect des engagements de liquidité et de solvabilité, la prise en charge de l’information et du transfert des clients, le respect de la marque Crédit Mutuel, la question du bénéfice de mutualisation et de l’indemnisation pour les dommages provoqués.  

Séparation Arkéa/Crédit Mutuel : la classe politique prend position

Le divorce entre Arkéa et le Crédit Mutuel aborde donc une nouvelle phase, alimentée par le départ désormais acté du Crédit Mutuel Massif Central jusqu’alors dans le giron du Crédit Mutuel Arkéa. A la mi-juillet, l’ancienne ministre et élue bretonne Marylise Lebranchu s’est positionnée en faveur du maintien d’Arkéa au sein du groupe Crédit Mutuel. Elle a lancé le mouvement associatif « Restons mutualistes » qui réunit des salariés, des sociétés et des salariés des établissements Arkéa. Un communiqué  argumente : « Le Crédit Mutuel, c’est un siècle de réussite et une très grande autonomie des fédérations (…) alors pourquoi renier notre histoire mutualiste ? ».

Marylise Lebranchu a été rejoint par Michel Sapin qui loue l’initiative. L’ancien ministre de l’Economie et des Finances met en avant la « force [de] l’alliance de l’autonomie locale et de la solidarité nationale ». Il alerte sur les effets néfastes d’une déconstruction du groupe à la fois « pour la stabilité des banques mutualistes et pour l’économie de la Bretagne et de l’Aquitaine ». Selon Les Echos, l’actuel ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, aurait approuvé les nouveaux statuts de l’organe politique du groupe mutualiste remis en cause justement par Arkéa. Bercy tempère toutefois : « il ne faut pas surinterpréter cette décision ; nous avons surtout pris acte de la décision du Conseil d’Etat ».



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